La ligne 91.
La ligne 91.

La ligne 91.


Ou  » Comment un bus londonien a failli voler les souvenirs de mon fils… et comment les réseaux sociaux les ont sauvés ! »

Londres, gare de St Pancras. L’ultime heure de notre voyage.

Trois jours à parcourir la ville, à s’émerveiller devant Big Ben, à se mettre dans la peau d’Harry Potter, à flâner le long de la Tamise, à croquer à pleines dents cette aventure offerte pour les 12 ans de Jules.
Trois jours immortalisés dans un téléphone qui, à cet instant précis, manque à l’appel.

« Mon téléphone ! Je l’ai oublié dans le bus ! »

Son regard est un mélange de panique et de tristesse brute. Tous ses souvenirs, des dizaines de photos prises avec excitation, des instants qu’il voulait garder pour toujours… s’éloignent maintenant au rythme d’un bus rouge à double étage.

Autour de nous, le hall grouille de voyageurs pressés. L’Eurostar ne nous attendra pas.

Le personnel de la gare est incroyable. Ils tentent de nous aider, mais la connexion est capricieuse. Impossible de localiser l’appareil. 

Mon fils serre les poings. Son cadeau d’anniversaire, cette collection de souvenirs numériques, est en train de disparaître dans la ville.

Nous sommes assis dans le train, le réseau est retrouvé et le téléphone localisé.

Le bus, qui a poursuivi sa course, repasse à présent devant la gare, juste là, à deux pas de nous. Sentiment d’impuissance.

Puis, un minuscule espoir pendant le trajet : j’obtiens le numéro du dispatching de la compagnie de bus, après plusieurs tentatives acharnées. 

Après plusieurs échanges, j’obtient une réponse : « Oui, un téléphone a bien été remis au chauffeur. » 

Mais c’est tout. Ils ne peuvent pas confirmer que c’est le nôtre. Il faudra attendre qu’il rentre au dépôt.

30 heures de frustration

Le lendemain, depuis la Belgique, nous traquons ce téléphone comme un trésor en cavale. Il parcourt inlassablement la ligne 91, de Trafalgar Square à Crouch End. Minuit. Il s’endort sur un parking à bus. 6h. Il reprend sa course. Et moi, impuissante, rivée à cet écran, à cette minuscule icône bleue qui bouge sur la carte. 

Il est là, si proche, et pourtant intouchable.

Je ne veux pas que cette perte vienne entacher le souvenir de ce si merveilleux voyage.

Puis une idée. Un dernier recours.

Je me souviens de ce groupe Facebook « Voyage à Londres », où j’avais puisé tant de conseils pour préparer notre séjour. J’avais déjà vu des élans de solidarité surgir entre inconnus. Peut-être, juste peut-être… Je rédige un message. Une bouteille à la mer numérique.

Le pouvoir des réseaux

Les réponses fusent. Cinq, dix personnes proposent leur aide. Ils vivent à Londres, y travaillent, ou y seront en vacances la semaine prochaine.

Mais un message retient mon attention : une dame, vivant dans notre province, est à Londres avec un groupe d’élèves. Son programme est serré, mais elle est prête à essayer.

Je continue alors à suivre la course du bus. Nous tentons de synchroniser leurs trajets.  Un croisement possible entre leur station de métro et la ligne 91. 

Un seul essai. Pas de seconde chance possible.

Je lui envoie une photo du téléphone et son code de déverrouillage. Un plan d’action digne d’une mission secrète. Le groupe sort du métro. Un premier bus arrive. Mauvais numéro. Je reçois les infos en direct. 

Le temps presse. Les jeunes ont faim, ils devraient être en train de manger… mais ils s’accrochent, pris dans l’excitation de cette chasse au trésor urbaine. Un second bus approche. Ils montent. Ils expliquent la situation au chauffeur.

Puis, le chauffeur pose la main sur un objet posé à côté de lui.

« This one ? »

Un cri retentit : « OUIIII ! »

Quelques minutes plus tard, une photo apparaît sur mon téléphone.

Il est là. Le petit fugueur. Récupéré, sauvé par cette bande d’adolescents et leur accompagnatrice au grand cœur.

Cette femme extraordinaire me rappelle, j’ai la voix tremblante de gratitude. 

Comment remercier cette chaîne humaine, cette gentillesse spontanée ? Nous saurons trouver !

Mais surtout, avec cette histoire, la preuve que, parfois, les réseaux sociaux ne sont pas qu’un dédale de futilités. Ils peuvent aussi être magiques.

Nous on tous cas, on n’oubliera pas l’histoire du petit passager clandestin du bus 91.

6 commentaires

  1. CORINE

    Tres jolie histoire . Nous n’avons pas eu la même chance avec les doudous dans le sac à dos , de mon petit-fils à New York 🥹 malheureusement. Nous avons sollicité pas mal de personnes mais malheureusement, nous n’avions pas le même chaîne humaine que pour vous sur Londres . Cette capitale est tellement belle et pleine d’aventures . Ce groupe est effectivement très agréable , to un ours prêt à aider . Beaucoup d’échanges de partages de bonnes informations. Bravo à toutes et tous .

  2. Moana Marie-Hélène

    Être émue, oui votre récit m’a émue…trop heureuse pour votre fils qui je le comprends a dû passer par un profond désarroi tout d’abord, puis l’espoir grâce à votre ténacité, et enfin sûrement une joie immense. Il n’aurait pas perdu le souvenir des ses vacances car Londres a ce pouvoir de graver les esprits à jamais. En tout cas bravo à ces personnes altruistes, et à vous de nous avoir fait partager cette prenante aventure au combien stressante mais tellement belle au final. Merci.

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